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Note 2/2: "Pris au piège à Kerguelen"
 
 
Nous sommes de retour à Port-aux-Français (PAF) pour la fin d'après-midi. La Manip' est bouclée et tout le monde est content. Cette deuxième arrivée sur la base est étonnamment très différente de la première. L'ambiance nous paraît presque familière. Les 3 derniers jours passés avec JC à parler de Kerguelen et de sa vie insulaire si particulière nous avaient en réalité fait vivre l'équivalent de quelques semaines sur place. Au fur et à mesure que nous serrons les mains et faisons connaissance, nous reconnaissons les différents corps de métiers et leurs noms bien spécifiques à Kerguelen. Andy le "Chaud Froid", Alice la "Pâteuse", Armand le "Géner", Mika le "Mécano de la flotille", Vincent de "l'EDK", Olivier le "Bosco", JC un "VAT de la RésNat" ou encore Annabelle la "Disker". Nous mettons une tête sur chaque fonction et à chaque fonction son histoire. C'est une grande famille oú tous les corps de métier et catégories sociales collaborent pour trouver des solutions et prennent tous les matins le petit déjeuner à la même table. Les "Mili", les "TAAF", les "IPEV", les "Réu", les "Infra"... Tout le monde sait qu'en dehors des 56 femmes et hommes présents sur l'archipel il n'y en a pas un de plus, alors il faut s'entraider et faire avec les moyens du bord. PAF ressemble en réalité plus à un gros navire avec son équipage et son fonctionnement très indépendant qu'à une petite ville. A l'exception près que les motivations de chacun divergent sensiblement. Les uns sont là pour l'argent, les autres pour l'aventure et l'expérience de l'isolement géographique, d'autres encore pour des convictions écologiques ou l'amour de la nature tout simplement. Depuis 1950, c'est cette année la 68ème mission qui arborera fièrement un logo, des coutumes (qui se rajoutent aux précédentes) et immortalisera son passage par une photo de groupe améliorée ajoutée à la collection existante sur les murs de "Totoche", le seul et unique bar "officiel" de l'île. Pour les visiteurs, l'intégration demande un petit effort mais en soi, on se surprend rapidement à faire des phrases complexes du style: "Passes me chercher au L4 en revenant de Totoche, le Géner m'a dit que tous les VAT se rejoignaient une dernière fois à la Cantina avant l'Opé!"
 
C'est d'ailleurs ce que nous faisons. A la nuit tombée, nous traversons la base par un froid polaire, ce qui ne nous prend pas plus de 10 minutes à un bon rythme donc, attirés par une lueur rouge émanant des locaux du CNES qui se transforment en bar clandestin tous les vendredi soirs. "La Cantina". Une quinzaine de personnes suffisent à remplir la petite pièce au comptoir artisanal et dans une atmosphère très chaleureuse nous oublions rapidement le froid cinglant qui sévit au dehors. En tant que visiteurs nous sommes accueillis comme des rois. Tout le monde s'intéresse à nous et s'inquiète de notre petit confort. De fait, des visites de voiliers il n'y en a que très rarement. Pas une sur les 5 dernières années mais étrangement depuis le mois de mars 2018 nous sommes le 3ème et dernier voilier à jeter l'ancre dans la baie. Coïncidence? Probablement oui.
La nuit est courte mais réparatrice, nous avions presque oublié l'efficacité d'un vrai lit dans une chambre chauffée! Ce soir a lieu la soirée de départ avant "l'Opé d'hiver" et demain l'arrivée de la dépression nous demande de larguer les amarres à midi pour aller trouver refuge dans un coin du golfe, que nous ne connaissons d'ailleurs pas encore. Comme d'habitude le timing est très serré. Devant nous se trouve donc la seule journée vraiment libre sur PAF, et la priorité évidemment c'est le bateau. Nous avons une éolienne et un chauffage cassés, le moteur ne démarre qu'une fois sur cinq et notre régulateur d'allure est gentiment en train de scier son support sur la barre à roue. Ce sont de bien trop gros handicaps pour se lancer dans un mois de navigation vers l'Australie. Nous commençons donc sans attendre par aller voir les spécialistes de chaque métier, électricien/chauffagiste/mécanicien, pour discuter de nos problèmes et au moins trouver une piste de solution avec eux, car une fois à l'autre bout du golfe nous serons livrés à nous même. Tous n'hésitent pas une seconde à prendre le temps de nous aider et même trouver quelques pièces qui nous permettrons de bricoler tout ça. Nos problèmes font le tour de la base et quelques heures plus tard nous sommes prêts à réparer nos avaries. Nous ne pourrons jamais assez les remercier pour cette aide inespérée, cela a été déterminant pour la suite de notre voyage!
La journée est bien entamée et nous avons rendez-vous avec Annabelle, la Disker. Tout d'abord pour parler de notre stratégie de fuite face à la depression et essayer de récupérer rune carte fiable du golfe du Morbihan mais aussi pour lui transmettre un objet assez insolite pour lequel nous avons été missionnés en Afrique du Sud. Il s'agit d'une pièce de monnaie en bronze de 10cm de diamètre représentant Jean-Yves de Kerguelen, explorateur ayant donné sont nom à l'archipel. Exemplaire unique appartenant à la famille de Jean-Marie que nous avons rencontré à Richards Bay deux jours avant notre départ et dont le voilier est l'unique au monde immatriculé aux Îles Kerguelen. Sacrée coïncidence! Alors c'est l'occasion de prendre une petite photo officielle, et avec Mr Macron svp! Et oui, la chef de district à Kerguelen endosse la casquette de chef de base mais aussi de maire, force de l'ordre et de la justice. Elle peut officiellement marier deux personnes à Kerguelen par exemple. Le bungalow de la Disker est récupéré d'année en année par les successeurs au poste et cela crée une atmosphère fascinante. Dans le bureau, dans le salon, les murs et les étagères sont jonchées d'objets, pour certains très anciens, retraçant l'histoire de Kerguelen. Héritage de Disker â Disker depuis 68 ans. Des atlas originaux centrés sur l'Antarctique et les Îles australes, des photos en noir et blanc des anciennes missions et même une buche de bois fossilisée retrouvée près des glaciers à l'Ouest de l'Île. Notre ami Jean-Marie voit son héritage familial trouver sa place entre de bonnes mains.
 
Nous récupérons une carte du golfe et identifions une zone de mouillage pas trop éloignée de PAF, apparemment bien protégée du secteur Ouest. Pas facile de choisir avec si peu d'informations, très peu de bateaux sont venus ici pour témoigner de leur expérience.
 
Alors que la nuit commence à tomber, l'atmosphère s'échauffe sur la base et nous devinons de plus en plus de silhouettes de fruits et légumes géants se diriger gaiement vers la seule source de lumière de tout Kerguelen, l'ancienne serre à légumes qui fait maintenant office de salle des fêtes et de terrain de boule. La semaine prochaine a lieu "l'Opé d'hiver". Une quinzaine de personne vont s'en aller avec le Marion Dufresne et c'est l'hivernage qui débute pour les 40 plus courageux dont le contrat a une durée de 14 mois. Cette soirée a pour but d'immortaliser une période de leurs vies pour le moins extraordinaire qu'ils ne sont pas prêts d'oublier. Du peu que nous avons pu en voir, on peut dire que la petite communauté des expatriés de Kerguelen ne semble pas envier le reste du monde, ni pour travailler, ni pour s'amuser. Ce sera de loin la meilleure soirée que nous ferons sur les 50èmes hurlants, sans aucun doute, et croyez nous ou pas il y avait du Picon bière plein le bar!
 
La nuit est courte à nouveau, mais cette fois le réveil est autrement plus difficile. Comme pour nous faire preuve de son fairplay, le vent est totalement tombé ce matin et sous un soleil confiant, nous nous retrouvons en t-shirt en train de partager une assiette de Légine en plein air avec les rescapés de cette folle soirée. Improbable. Toute l'équipe nous accompagne jusqu'au débarcadère et, comme un dimanche, les gens se mettent à jouer à la pétanque et profiter du soleil, tout comme les éléphants de mer d'ailleurs, qui squattent le bord de la route, entrains à une épuisante sieste dominicale. Tout est si paisible. Nous serions bien restés là , allez disons deux semaines de plus! Dure à croire que dans 6 heures à peine, ce soleil allait laisser place à un autre de ces monstres des mers du Sud.
 
 
Nous disons donc Adieu à des personnes qui, avec une semaine de plus seraient certainement devenus de bons amis, et remontons à bord de notre navette spatiale. Il est déjà tard et le soleil joue contre nous. Si nous arrivons sur la zone de mouillage de nuit c'est perdu. Nous avons besoin d'évaluer les distances de sécurité avec la berge, lire le relief des îlots pour choisir la meilleure protection au vent et tout simplement éviter les énormes amas de Kelps flottants un peu partout, attendant la première occasion pour se coincer dans notre hélice. Alors nous hissons toutes les voiles et appuyons tout ça avec un bon régime moteur pour gagner les quelques noeuds qui pourraient bien nous sauver la mise. Le soleil tombe petit à petit derrière les montagnes, laissant place à une fraicheur rapidement inconfortable. Le ciel se couvre d'un épais voile de brume, révélant une forte condensation en altitude, caractérstique de l'approche de la dépression. Tic Tac Tic Tac... L'atmosphère paisible de la journée est belle et bien révolue et nous n'avons plus qu'une chose en tête, nous mettre à l'abri!
 
 
 
L'îlot Souris, l'île aux Chats, l'île du Cimetière... c'est là ! Les prises de notes récoltées la veille sur la carte du SHOM s'avèrent exactes, ouf! En revanche l'hydrométrie nous réserve quelques surprise, la profondeur d'eau est beaucoup plus importante que prévue. Nous lisons au sondeur: 30m... 25m... 22m... pas moins. Ce sera 22m alors!
 
L'endroit sera t-il suffisamment abrité ou devrions nous au contraire nous rapprocher de cette île là-bas? Sommes-nous assez loin de la rive en cas de dérapage? Sommes-nous bien protégés de la houle de Nord-Ouest qui pourrait entrer? Trop de questions, pas assez de temps pour y répondre, et du soleil il n'en reste plus que les lueurs du crépuscule.
 
Pendant cet instant de doute général, un couple de dauphins de Commerson nous doublent et viennent jouer, apparemment insouciants, devant l'étrave de La Julianne. Avec leur dégradé blanc et noir bien caractéristique, ils ont tout le panache des animaux du grand Sud! On dit que les dauphins sont télépathes. Peut-être en savent-ils plus que nous sur ce que nous avons à faire ici. Après tout ils nous avaient bien ouvert le chemin vers la cabane de l'île Haute une semaine plus tôt, nous pouvons peut-être leur faire confiance une seconde fois. Allez!
 
-"Le moteur est au point mort!"
-"Ok, j'envoie la chaîne!"
 
Pour les marins qui liront ce texte nous nous devons de donner des précisions sur le mouillage, même si pour le lecteur terrien l'information ne paraîtra pas se différencier d'un autre aspect technique et peu poétique de la navigation.
Il faut pourtant comprendre que c'est pour nous la solution choisie parmi une véritable infinité de théories, croyances etcourants de pensées s'articulant autour de l'art de bien mouiller. Un choix dont la conséquence n'appartient qu'au pauvre propriétaire du bateau se trouvant sur le chemin de la tempête.
 
Nous avons donc, pour notre ketch en acier de 15 tonnes et par 22m de fond, empennelé une ancre de type FOB de 12kg avec 5m de chaîne de 10mm sur une ancre Rocna de 33kg avec 85m de chaîne de 12mm, puis déroulé 60m de câblot 3 torons en Polyester de 20mm. Un orin a été frappé sur chaque ancre pour faciliter le dégagement.
 
Tout ça peut paraitre technique pour le commun des mortels mais il faut simplement comprendre d'un point de vue stratégique que nous avons tout bonnement jeté au fond de l'eau tout ce qui avait de plus lourd sur La Julianne.
Comme prévu le vent est monté à peine une heure après notre installation et n'a pas cessé de forcir pendant les 3 jours qui suivirent jusqu'à atteindre plus de 50 noeuds établis. 50 noeuds c'est vraiment beaucoup.
 
Par ces vitesses, le vent arrache littéralement l'eau de la surface et la vaporise violemment au rythme des rafales qui sifflent dans les mâts. On croirait apercevoir des silhouettes, parfois grandes, parfois plus petites, animées par une danse erratique avec les éléments. Le spectacle serait absolument magnifique si nous pouvions ouvrir les yeux librement, mais dans ces conditions il nous est même impossible de tenir debout sur le pont du bateau sans s'y accrocher fermement. Tomber à l'eau ne serait pas moins dangereux qu'en pleine mer.
 
Le câblot s'est étiré absorbant tant bien que mal les assauts déterminés du vent d'Ouest, craquant parfois d'un bruit sec retentissant dans tout le bateau. Trois jours pendant lesquels nous avons observé les éléments se déchaîner depuis notre pseudo-abri, ne trouvant pas le sommeil, prêts à chaque instant à démarrer le moteur et hisser les voiles en cas de dérapage, ou pire, casse du mouillage. Mais La Julianne a tenu le coup, faisant le dos rond sans se plaindre, comme à son habitude. Brave petite coque d'acier, que serions nous sans toi? De notre côté, nous avons fait notre possible pour venir à bout de nos réparations malgré le froid et le vent rendant la tâche très laborieuse. Nos mains sont sêches et blanchies par le froid, les outils que nous posons sur le pont n'ont aucune chance d'y rester, alors il faut prendre son temps, se préparer et avancer petit à petit sans prendre le risque de casser ni perdre quelque chose. Le régulateur d'allure, l'éolienne et le moteur sont sauvés. Tant pis pour le chauffage, nous avons déjà appris à nous en passer. On s'en sort bien!
 
 
 
La situation allait en réalitése compliquer. La prévision météo obtenue avec notre téléphone satellite n'était pas clémente du tout. Une autre dépression était en approche, toute aussi creuse et haute que la précédente. Impossible de mettre les voiles dans ces conditions. Nous étions le 15 Avril et il fallait s'y résoudre, les griffes de l'hiver étaient en train de se refermer sur Kerguelen et sur La Julianne.
 
Pour corser un peu la situation, nous découvrons une fuite sur le raccord de notre détendeur de gaz. Notre première bouteille était donc vide et il nous restait potentiellement un mois et demi à tenir avec la seconde. Nous étions trop juste de deux semaines. Un réel coup bas sous ces latitudes et cette fois c'est notre moral qui était attaqué. Pas le choix, nous appelons PAF pour demander assistance pour le gaz et les informer de la situation météo nous concernant. Malgré le stock très limité de bouteilles sur la base, Annabelle réussit à nous en trouver une à moitié vide, ce qui nous donnait tout juste la sécurité nécessaire pour partir. Ouf! Sans le savoir elle nous sauvait sacrément la mise car une dizaine de jour plus tard notre seconde bouteille allait se vider suite à la rupture du détendeur cassé net sous le choc d'une vague. Poisse? Loi de Murphy? Rien de tout ça. Voilà juste le niveau d'exigence que cette expédition attend de nous, quant à la chance, nous en avons eu largement assez. Petit conseil survie pour ceux que ça intéresse. Les nouilles chinoises en sachets peuvent se manger cru, cinq par jour suffisent à nourrir un marin froid et humide. A bon entendeur...
 
 
 
Après quatre jours passés à guetter la fenêtre météo, trouvant enfin un repos bien mérité, une ouverture inattendue s'est produite. La dépression avait du retard et passait plus au Sud, couvrant la zone de puissants vents de Sud-Ouest, allant de 25 à 35 noeuds établis sur les 5 prochains jours, ce qui nous laissait tout juste le temps d'esquiver le gros de la dépression à venir. C'était loin d'être des conditions acceptables pour aller faire un tour avec son voilier le dimanche mais nous savions que nous n'aurions pas mieux, si ce n'était le risque de rester coincés tout l'hiver à Kerguelen.
 
Nous avions une journée pour lever le camp, aller chercher la bouteille de gaz à PAF et sortir de la baie avant la nuit. Si nous trainions, le vent de Sud-Ouest nous empêcherait de partir. C'était jouable et nous nous réjouissions à l'idée d'aller saluer une dernière fois nos amis de PAF. Ces derniers venaient de recevoir le Marion Dufresne et avaient sâcrement pleins de choses à nous raconter.
 
Le soleil n'est pas encore levé et nous sommes déjà sur le pont, bien décidés à remonter ce mouillage redoutable qui était, comme dirait les marins, boulonné dans le fond. Il ne fallait pas perdre de temps au cas où la navigation vers PAF se révélait plus difficile que prévue. Mais ce que nous redoutions arriva. Après avoir remonté la chaine jusqu'à arriver à 25m des ancres, impossible d'aller plus loin ou nous allions tout simplement casser les manivelles de notre guindeau manuel. Nous prenons donc les orins (corde nouée par une extrémité à l'ancre et par l'autre à une bouée flottante en surface) que nous avions placée à cet effet et commençons à les remonter toutes les deux à l'aide de nos winchs de pied de mat. Petit à petit une masse noire et difforme faisant bien la moitié de la taille du bateau remonte à la surface. C'était une gigantesque pelote d'algues. Il fallait faire vite, le vent était sensé monter et nous n'étions plus accrochés dans le fond. Seul le moteur nous maintenait en travers du vent pour espérer ne pas trop dériver vers la berge tout en évitant les algues qui n'attendaient qu'à se coincer dans notre hélice. Il nous a fallu pas moins de trois heures pour libérer nos ancres à la machette et c'est un réel coup de chance que la météo nous ait laissé le temps nécessaire pour en venir à bout.
 
 
Nous étions alors bien en retard sur le planning initial et l'erreur a été de vouloir le rattraper en poussant un peu trop la Julianne au près dans les 25 noeuds qui soufflaient sur la baie.
 
 
Ce n'était vraiment pas notre habitude et elle nous l'a vite fait comprendre quand une heure plus tard nous découvrions une déchirure de 50cm dans le foc (voile de brise montée à l'avant du bateau). Nous avions bien besoin de ça. C'était décidément la journée de voile la moins efficace de tout notre voyage mais nous avons fini par arriver à PAF en milieu d'après-midi, à l'heure où nous étions sensés partir. Nous sommes passés en coup de vent - l'expression doit certainement venir de là - récupérer notre bouteille de gaz, accompagnée d'une bouteille de vin et d'une boite de cookies qu'Annabelle avait laissées à notre attention. Elle avait réussi à nous redonner le sourire.
 
Mais pas le temps de discuter, pas le temps de contempler une dernière fois cette base scientifique du bout du monde qui n'avait cessé de nous surprendre pendant deux semaines. Non pas le temps, nous nous faisions chasser par Kerguelen et la pression était palpable. L'île de la désolation avait été assez patiente avec nous, les Apprentis, qui avions osé lui rendre visite si tard en saison. Mais c'était en réalité avec bienveillance qu'elle nous suggérait de partir, la mêe bienveillance avec laquelle elle nous avait ouvert ses portes et laissé effectuer la Manip' sur ce qui ressemblait probablement aux 3 derniers jours de beau temps de la saison.
 
Ces deux semaines à Kerguelen nous avaient fait découvrir un autre monde. Une nature brute, puissante et fragile à la fois, qui ne se laisse pas approcher par le premier venu. Sous ses apparences froides et hostiles elle est en fait généreuse mais exige simplement un peu de respect et de vigilance. Autrement dit, il faut la caresser dans le sens du poil. Les rares visiteurs qui osent s'y aventurer peuvent en témoigner, les petits coups de pouces et rappels à l'ordre qu'elle nous donne, sont bien souvent salvateurs. Souvenons nous d'écouter, observer et se faire discrets.
 
C'est la façon dont nous avons perçu l'attitude des TAAF sur cette île fantastique. Une présence humaine confidentielle et au service de l'environnement, qui mène une lutte de tous les jours pour préserver son écosystème extraordinaire.

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