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10 mars 2018 – Richards Bay

Tous les trois enfin réunis! La Julianne est maintenant prête pour l’aventure de sa vie! Le départ pour les Kerguelen et l’Australie est décalé à lundi à cause de la météo, deux jours de plus qui sont les bienvenus pour s’assurer que rien n’a été laissé au hasard pour aller naviguer sur les mers du Sud. #lastbeer #teambuilding #stressedout #southernocean  #adventure #apprentisnomades

13 mars 2018 – Richards Bay

Richards Bay Port Control: All clear La Julianne, Have a safe journey!

15 mars 2018 – Océan indien

Maintenant que nous sommes partis nous pouvons vous le dire, ces 4 derniers mois ont été bien plus éprouvants que nous ne pouvions l’imaginer. Depuis que Norman s’est cassé la jambe à Madagascar, notre objectif des Kerguelen qui était déjà très ambitieux s’est mis à frôler l’impossible. Norman allait-il pouvoir marcher à temps? Pouvions nous, sans lui, amener le bateau sans emcombres à Richards Bay puis effectuer tous les travaux avec une paire de bras en moins? Allions-nous avoir les conditions favorables pour partir en cette fin d’été austral avec presque 2 mois de retard dans une des mer les plus redoutées?

Ces 4 derniers mois se sont faits au jour le jour, avançant à vue, sans jamais savoir quelle serait l’issue de cette préparation un peu folle. Nous étions chaque jour prêts à abandonner, il fallait en être capable, ne pas partir avec le moindre doute, la moindre sensation de ne pas avoir fait de notre mieux, le moindre risque de pouvoir regretter ce qui arrivera là-bas. Alors ce qui paraît être de la préparation avec un planning, un budget et des délais se rapproche en réalité plus d’un comportement de survie, obsédant, monopolisant notre attention sans répit, nous tenant éveillés malgré la fatigue dans nos petites couchettes. Un cocktail bien corsé de détermination, de chance et d’émotions malheureusement très difficile à décrire et qui même à nos yeux s’estompe au fil des milles nautiques qui défilent. Déjà 260 milles parcourus et le chantier de Richards Bay n’est plus qu’un souvenir, La Julianne est svelte et n’a jamais été en si belle forme, prête à affronter le premier coup de vent qui frappera dans 24h.

C’est difficile à croire mais en prenant le départ nous avons déjà réussi la moitié de cette expédition. À partir de maintenant il va falloir user de respect, de vigilance et espérer pour que la chance fasse le reste.On vous parle de la mer bientôt!

16 mars 2018 – Ocean Indien

Préface pour les nuls de la météo 🙂

Un anticyclone c’est gentil, une dépression c’est pas gentil et un cyclone c’est très très méchant.

En sachant ça, y a t-il une stratégie particulière pour aller aux Kerguelen?

Bien sûr, rejoindre les vents d’ouest sur les 50èmes Sud. Là où l’eau est trop froide pour que les cyclones tropicaux qui descendent Madagascar en ce moment puissent évoluer.

Richards Bay étant situé à 28°S, le choix de la fenêtre était primordial. Nous avons profité de 3 jours de vent de Nord-Est pour sortir du puissant courant des Aiguilles avant que le premier coup de vent de sud n’arrive et transforme la mer en marmitte géante. Après avoir passé la nuit à observer les éclairs du front froid illuminer le ciel, nous voilà enfin au bord de l’anticyclone, véritable toboggan qui va nous faire descendre jusqu’aux 40° Sud prendre le train des dépressions australes. Ces zones de convergences entre les différents systèmes météo sont souvent marquées par un ciel spectaculaire. Cela nous fait faire quelques zigzags mais les vents sont forts ici et La Julianne tient une vitesse moyenne de 7 noeuds, 30% supérieure à son régime tropical!

Et finalement, pour ceux qui savent que la terre est ronde, passer par le sud c’est tout simplement plus court!

Merci à toutes et tous pour votre soutien et vos encouragements, ça fait chaud au cœur!

18 mars 2018 – Océan Indien

Vous connaissez Leslie!?

C’est notre nouveau régulateur d’allure, installé avant de partir grâce à notre partenaire technique @ Aries vane Gear

A quoi ça sert?

C’est un pilote automatique qui se règle sur la direction du vent et qui prend la force de l’eau pour barrer grâce à un ingénieux système de poulies. Zéro électricité, que de la mécanique! Nous n’avions pas eu le temps de le tester avant de partir alors vous imaginez notre joie en découvrant que tout fonctionne! Plus besoin d’être à la barre!

Mais pourquoi il s’appelle Leslie d’ailleurs?

21 mars 2018 – Ocean Indien

7ème jour, 38°Sud et nous voilà déjà bien loin du soleil de plomb qui sévit en Afrique du Sud, 10° plus haut. Nous

venons de batailler pendant 2 jours au près, face à un vent de Sud bien dense pour enfin arriver sur une zone de vent d’Ouest plus favorable. 2 jours très très humides où les vents ont régulièrement atteint les 40 noeuds. C’était déjà très impressionnant!

Quelques coutures de voiles ont sauté et la manille de l’étai larguable a complètement explosé. Nous sommes intervenus tout de suite et heureusement le câble en acier de 10mm lâché sur le pont n’a pas eu le temps de faire plus de dégâts. Alors voilà, tout roule, nous profitons du changement d’allure pour sécher le bateau, faire un peu de couture et se préparer au prochain coup de vent!

On vous tient au courant!

23 mars 2018 – Océan Indien

La Julianne estropiée au passage des 40èmes!

Le portique de la Julianne s’est allégé hier dans la nuit… Notre éolienne est tombée!
Son socle s’est arraché à l’usure dans un coup de vent provoqué par une grosse dépression qui passait plus au Sud.

Téo de quart a assisté à la chute en live et a pu récupérer l’engin de 30kg qui a plongé dans l’eau dans son intégralité, trainé par sa connexion électrique.
Heureusement, à part un de nos panneaux solaires très légèrement abîmé, rien d’autre n’a été touché dans la bagarre. 🙂

A priori, l’éolienne est HS. En tout cas, pas envisageable de la remonter pour le moment même si ce n’était pas le cas. On va devoir se serrer un peu la ceinture sur la consommation électrique dans ces mers peu ensoleillées. Fini les plats réchauffés au micro ondes, le foot à la télé et les soirées disco avec les albatros!

Heureusement que Leslie barre sans manger…

A part ça tout va bien! L’eau est froide. On se rapproche des Kerguelen! On a le smile.

25 mars 2018 – Océan Indien

Parlons de choses sérieuses à bord de La Julianne! Une accalmie nous a permis de refaire un peu de bricolage, de nous reposer au coin du chauffage, et de nous faire un sacré gueuleton. Cuisiner peut devenir un exercice long et fastidieux par mer agitée. Couper les légumes sur la planche en bois sans qu’ils ne s’échappent par terre sous le coup de la gîte, touiller dans une casserole d’eau bouillante les pâtes avec une cuillère en bois, sortir le plat brûlant du four et le poser de sorte qu’il ne traverse pas la pièce à la première vague, tout en se tenant avec une main ou un pied pour ne pas s’assommer contre un placard.. tout ça demande une certaine pratique, beaucoup de patience et un haut niveau de tolérance au mal de mer. Mais pour ceux qui sont déjà montés à bord, vous pourrez sûrement confirmer que La Julianne peut facilement se transformer en réel petit bistro de bord de mer! La pêche du jour, une dorade de plus de 10kg, ravira nos papilles. En ceviche ou en sashimi pour l’entrée, en passant ensuite par ses steaks, rillettes, ou autres burgers dans son pain patate maison, on peut la préférer en papillotte aux légumes et miel pour la finesse du goût ou en râgout ou cari pimenté pour se réchauffer d’un quart bien agité! On peut parfois accompagner son plat d’une bière ou d’un verre de vin, qui rapidement déliera les langues et accentuera les rides au coin des yeux.

Ne pouvant concevoir le gâchis et malgré nos appétits gargantuesques, les 6kg de viande restants partiront au salage car le frigo est un électroménager absent de La Julianne. Un ou deux jours dans les cales au gros sel pour en extraire l’eau, la viande sera ensuite placée dans un filet à l’extérieur pour sécher au vent à defaut du soleil qui joue à cache-cache sur les 40èmes.

En dessert, la carte varie suivant la houle du jour et l’inspiration du cuisto de garde pendant son quart de nuit: crumble au poire, tarte tatin, brownies, tarte au citron parfois meringué, cookies, flan à la vanille, pancake ananas-coco (baptisé Coco Pine Cake) et autre muesli aux dattes qui agrémente bien entendu le petit déjeuner.

Le grand absent de ce tableau n’est autre que le plateau de fromage. Nous nous consolons avec un banal cheddar qui après plusieurs mois d’abstinence peut d’un coup s’élever au rang du meilleur des camemberts!
À votre avis, dans ce petit coin de France que sont les Kerguelen, on y mange quoi?

Et aussi merci beaucoup pour vos encouragements, ça nous fait super plaisir!!!!!

29 mars 2018 – Océan Indien

À 5 jours d’arriver à Kerguelen, on fait le point sur la météo qui nous attend. Sur l’autoroute du Sud depuis un petit moment, il s’agit désormais de ne pas rater la sortie. Une belle dépression (la spirale rouge qui progresse d’Ouest en Est) génère en son centre des vents et une houle trop importante pour des Apprentis Nomades. Elle nous empêche de foncer droit sur notre objectif(que pointe la flèche noire). L’idée, c’est de progresser avec elle en restant un peu au Nord du centre et finir par descendre sur les Kerguelen en lui emboîtant le pas.

De cette manière, on pourrait arriver à Port aux Français pendant une potentielle accalmie juste après la dépression, impossible pour nous de naviguer dans cet archipel rocailleux sinon. Nous aurons une petite fenêtre pour transformer l’essai. Si nous manquons notre tentative, nous n’aurons pas le choix que de filer directement en Australie! Une histoire de timing donc!

Tout le monde est à son poste sur la Julianne, prêt pour la bagarre!

1er Avril 2018 – Océan Indien

Hier, à 200 milles nautiques de Kerguelen, La Julianne a dansé avec une bête féroce sur la piste des 50èmes hurlants.

9 Beauforts établis et une houle faisant régulièrement disparaître le mât du petit bateau face à l’horizon. Oui oui, des montagnes d’eau de plus de 15 mètres de haut soulevant les 15 tonnes d’acier sans même y prêter attention. Ce n’est alors plus le vent qui fait avancer le bateau mais bien la gravité, La Julianne surfe dans un bouillon d’écume sous pression et en perd presque les pédales. Les grains qui passent n’ont plus de pluie à nous offrir mais des flocons de neige faisant semblant de s’amasser dans un coin du cockpit. Si le vent hurle de toutes ses forces dans les mâts et câblages du bateau, c’est pourtant bien la houle qui mène la danse dans une telle dépression. Un écart de barre de 20 degrés et la masse d’eau n’hésite pas une seconde à mettre le bateau en travers pour lui rouler dessus.

Alors on ne discute pas, on fonce avec elle où bon lui semble ne voulant surtout pas risquer de la vexer. Les apprentis dans leur couchette essayant de trouver du repos ont les yeux grand ouverts, ils guettent la prochaine déferlante qui tentera de coucher le bateau. Alors le temps s’arrête, ils serrent les dents en regardant les murs se retrouver au plafond et se demandent si cette fois le mât va toucher l’eau. Mais non, les objets mal calés volent, quelques litres d’eau viennent s’ajouter à ce qui baigne déjà dans les cales et le bateau se redresse doucement. L’apprenti à la barre n’a même pas senti que l’eau était à 5°C, il est concentré sur la prochaine vague qui ne manquera pas de profiter de cet instant de faiblesse.

Tout ça n’est pas de la méchanceté ni de la cruauté, la mer est impitoyable et c’est bien normal. Alors quand le vent se stabilise un instant, quand les vagues semblent moins sournoises et que par miracle le ciel se dégage un peu, on se retrouve frappés par la beauté et la puissance d’une scène hallucinante. La bête féroce se laisse caresser par La Julianne.

2 Avril 2018 – En approche des îles Kerguelen

Ce matin c’est Noël. Un rayon de soleil vient frapper à la porte de La Julianne alors que quelques flocons de neige volent encore dans le vent froid et sec de la nuit. A quelques encablures, un énorme rocher se dessine à travers une brume épaisse, puis un deuxième… Ça y est on approche. Une averse de neige passe et pousse pour de bon le brouillard qui dissimulait notre surprise. Kerguelen! Un paysage montagneux abrupte de roches et de neige s’élève devant nous alors que des dizaines d’oiseaux tournoient autour de la Julianne, comme pour prévenir de notre arrivée. Quelques minutes plus tard, un autre rayon de soleil nous dévoile en arrière plan le glacier Cook qui règne avec puissance sur les eaux tourmentées que nous arpentons.

L’émotion est immense, indescriptible et des larmes de joie nous envahissent. Est-ce le fruit de tout ces efforts qui rend le moment aussi beau ou simplement la surprise de trouver un paysage aussi brut, un paysage de bout du monde? Dur à dire mais le mauvais temps semble déjà loin derrière nous, une fois de plus la beauté d’un instant nous fait tout pardonner.

Nous longeons maintenant le Sud de l’archipel pour nous retrouver à l’entrée du Golfe du Morbihan demain à l’aube. La prévision météo n’est pas des plus favorables et nous allons devoir entrer dans le Golfe contre 25 nœuds de vent. L’accès à cette île sera décidément difficile jusqu’au bout mais la bonne nouvelle c’est que les scientifiques des Terres Australes et Antarctiques Françaises nous attendent à la base de Port aux Français pour un petit-déjeuner de bienvenue. Allez on y est presque!

4 Avril 2018 – Port aux Français, Kerguelen

Yeeeeaaaah! Après 22 jours en mer et 4000 km parcourus, La Julianne est bien garée à Port-aux-Français, base scientifique des TAAF sur Kerguelen! Après avoir rangé le chaos qui régnait dans le bateau, nous avons reçu un accueil très chaleureux des agents de la réserve qui nous ont invité pour un bon repas et même fait couler un petit bain 😉 Le bonheur!

Ce matin nous partons déjà en mission avec un spécialiste des oiseaux sur une des îles de la réserve. La Julianne n’a eu qu’une courte nuit pour se reposer. Nous vous en dirons plus très bientôt!

Merci à tous pour vos messages d’encouragement. C’est un bonheur de partager ces moment avec vous!

5 Avril 2018 – Île Haute, Kerguelen

Note 1/2: Une Manip’ avec la RésNat’ – RETROUVEZ L’ARTICLE AU COMPLET ICI

10 Avril 2018 – Port aux Français, Kerguelen,

Note 2/2: « Pris au piège à Kerguelen » – RETROUVEZ L’ARTICLE AU COMPLET ICI

19 Avril 2018 – Océan Indien

Mais que font les Apprentis? Toujours à Kerguelen? Et bien non, La Julianne a levé l’ancre hier (une opération de 3h causée par des dizaines de kilo de longues algues prises dans le mouillage) pour une traversée d’un mois vers l’Australie, laissant derrière elle les magnifiques paysages et la nature brute de Kerguelen, ainsi que les 40 hivernants de la base de Port aux Français. On a des images plein la tête! Promis, on vous partage notre expérience très bientôt, le temps d’obtenir les autorisations des TAAF pour la communication.

Ce que l’on peut vous dire c’est que ça vallait le détour et que la beauté de cette aventure est à la hauteur du challenge pour y arriver. On a même eu du temps pour préparer notre nav vers l’Australie: l’éolienne is back in the game, les pannes sur notre moteur et autres casses sur notre régulateur d’allure ont été réparées, les voiles recousues, il n’y a que notre chauffage qui ne s’en est pas sorti malgré un super coût de main de l’équipe de Kerguelen. Mais bon, on a eu la chance de pouvoir prendre une douche chaude avant de partir! Et ça, ça n’a pas de prix!

On vous tient au courant!

 

24 Avril 2018 – Océan Indien

Cela fait déjà 5 jours que nous avons quitté Kerguelen. Un départ qui, malgré nous, ressemble plus à une fuite qu’aux longs adieux que nous avions imaginés en arrivant. Mais la réalité est là, l’été austral nous a bel et bien quitté en ce début de mois d’avril. Les centres dépressionnaires remontent petit à petit. 3, 5 puis 7 degrés de latitude pour se retrouver sur les 46°Sud d’ici une semaine. Enfin, selon la prévision, et même si une prévision à une semaine ne vaut pas grand chose, c’est tout ce que nous avons. Alors pas le choix, nous ne pouvons pas tirer une belle courbe orthodromique vers Adélaïde depuis les 50emes hurlants et profiter du raccourci durement mérité, il nous faut remonter et en urgence.

5 jours donc que nous faisons cap au Nord-Est dans une météo peu habituelle pour nous. Grand frais tous les jours, entre 25 et 35 noeuds de secteur Ouest, une mer grise et déchirée à tel point que nous nous croyons en pleine tempête. Mais non, simplement un régime constant de mauvais temps d’une surprenante stabilité. La robuste trinquette n’a pas quitté son poste et il faut le dire, l’absence de manoeuvres rend les choses plutôt confortables.
Ce que nous avions lu sur ces navigations entre les 40emes et les 50èmes parallèles Sud s’avère tout à fait vrai. En 5 jours nous avons parcouru plus de 700 milles (1300km) et nous n’avons pas aperçu le soleil, pas 5 minutes. Il commence sérieusement à nous manquer, presque autant que la douche chaude de Port-aux-Français!

Mais nous ne sommes vraiment pas à plaindre sur ce coup là, ce créneau météo est une bénédiction. Une semaine plus tard et le piège se serait refermé sur nous, partir de kerguelen aurait été une tout autre histoire. Nous voilà donc depuis ce matin de retour sur les 40emes rugissants, avec le sourire et 10°C de plus au thermomètre! Outre la sensation psychologique réconfortante d’avoir quitté un terrain hostile, nous voilà au meilleur endroit pour appréhender les 3 dépressions qui nous passeront dessus cette semaine. Allez on est chaud!

Merci pour vos messages, on pense bien a vous!

 

26 Avril 2018 – Océan Indien

Et BIM!

C’était la nuit dernière, il faisait noir complet, et même si la lune n’avait pas été couchée elle n’aurait pas su trouver son chemin à travers la couche de nuages opaques accompagnant la dépression. Cette fois-ci ce n’était pas une vague de 15 mètres, encore moins le grand spectacle des tempêtes australes qui restera gravé dans nos mémoires. Non non, juste un frond froid hargneux dans une nuit sans lune, qui en 6 heures de temps aura donné sa chance à une vague mal intentionnée. Une escalade rapide mais efficace qui aura cette fois bel et bien planté le mât de La Julianne dans l’eau.

Heureusement tout le monde va bien, et ça aurait été une belle histoire à raconter si il n’y avait pas eu autant de casse. La vilaine vague a tout bonnement arraché nos panneaux solaires, sectionné l’aérien de Leslie, notre régulateur d’allure, décapité notre girouette en tête de mat et brisé notre détendeur de gaz, laissant s’échapper le précieux carburant. Si ça ce n’est pas du sabotage! On imagine par contre sa frustration quand elle a vu s’en tirer notre éolienne, fière de la belle réparation qu’elle avait subie après la dernière bataille. A l’intérieur, nous tentons de séparer le matériel électronique du ragoût de thon confectionné avec la bête pêchée le matin même. Oublier de verrouiller la table à cartes, une erreur de débutant. Son contenu intégral s’est retrouvé en cuisine, pas un stylo ne manquait à l’appel. Malheureusement ni les deux tablettes de navigation ni le ragoût ne s’en sortira vivant. Chmoine, quant à lui, est resté vigoureusement cramponné à la barre, accompagnant le bateau dans un bref plongeon déclenchant son gilet de sauvetage. Évidemment plus de peur que de mal et nous reprenons notre route, le vilain coup de vent déjà loin derrière nous.
Surtout ne vous inquiétez pas, ici le moral est au beau fixe, ces mésaventures sont des choses qui arrivent.

5 Mai 2018 – Cap Leeuwin

52ème jour de cette expédition aux Kerguelen.
Nous passons aujourd’hui sous le Cap Leeuwin à la pointe Sud Ouest de l’Australie, 2ème des 3 grands caps séparant les océans de notre planète. C’est l’occasion d’ouvrir la seule bouteille de vin qui a survécu la mer déchainnée des dernières semaines, un cadeau de la chef de district des Kerguelen, Annabelle. Avec un bout de pain complet et quelques rillettes de thon séché on en oublierait presque la petite tempête qui nous arrive droit dessus ce soir…
Depuis 2 ans que nous sommes partis de Dunkerque, La Julianne a parcouru plus de 22 000 milles nautiques, soit 40 000 km ou tout juste la circonférence de la terre! L’année dernière elle passait le Cap de Bonne Espérance, cette année Leeuwin… il ne lui reste plus que le Horn!

En attendant restons concentrés sur la fin de la navigation. Depuis que nous avons eu quelques casses il y a 10 jours de cela, nous avons passé la quasi totalité de nos journées à tenter de réparer l’essentiel. Nous avons sauvé le régulateur d’allure et un panneau solaire, par contre les équipements de navigations sont tous mort noyés (les antennes extérieures n’étaient pas waterproof, incroyable!!). Heureusement, il nous reste un point gps donné par le téléphone satellite, joker que nous devons préserver sur les 10 jours de navigation qui nous restent. Ok on a un peu les traits tirés sur la photo mais on tient bon ne vous inquiétez pas!

Encore une fois, un grand merci pour votre soutien et vos messages, ça nous fait très très plaisir!

14 Mai 2018 – Adélaïde, Australie

À 9h ce matin nous sommes arrivés en Australie, à Adélaïde, après 61 jours dans les mers du Sud pour cette expédition vers les îles Kerguelen.

Merci La Julianne, merci mille fois! Cette aventure, sans aucun doute, nous te la devons car tout à toujours reposé sur toi. Les plus gros coups, tu les as toujours pris pour nous et te voilà, debout, après cet interminable match de boxe avec l’océan austral. Pas sans quelques égratignures bien sûr, et pour ça nous te demandons pardon. Nous avons fait de notre mieux pour te rendre la tâche moins difficile mais ça n’a pas toujours été évident d’être à la hauteur. Nous t’avons confié nos joies, nos peurs, nos vies et nous recommencerons sans hésitation si une fois de plus tu acceptes de nous accompagner au bout de nos rêves.

La Julianne, pour nous tu seras toujours le plus beau des bateaux et nous serons à jamais tes Apprentis!

 

Tu as aimé cette histoire cette aventure, alors tu peux contribuer au montage du film des aventures de La Julianne aux Kerguelen sur la page NOUS SOUTENIR.

 

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